ces gens qui sont des arbres
Ce recueil paraît parler des arbres, mais il parle des gens. Il paraît parler des gens, mais il parle des arbres. Font le lien les expressions figées "tronc d'église", "gueule de bois", "les gens bien implantés et les déracinés", les images originales (« si l'un d'eux réclame son automne »), les créations lexicales « À l'automne, les arbres se déperruquent ». L'humour de ce recueil n'hésite pas à recourir au calembour et à la cocasserie. L'ensemble est pourtant mis au service d'une vision du monde et de la société. On lit en filigrane la compassion pour les "simples gens", pour les humiliés, la dénonciation des ambitions et des violences, toute une sagesse dans ce regard qui saisit ou qui caricature.
LA DEDICACE DE L'AUTEUR : Chères amies lectrices, chers amis lecteurs,
"Ces gens qui sont des arbres". Ce livre est un peu vous, un peu votre
voisin, une inconnue que vous croisez, un peu moi, n'importe qui.
J'écris qu'il n'y a que les gens bien implantés et les déracinés qui
font parler d'eux. Entre les racines et les branches, Monsieur
Tout-le-monde est le tronc sur lequel on peut graver un mot de sa vie :
mon raccourci ne l'oublie pas. Voilà notre forêt quotidienne. J'ai
commencé ces petits poèmes en prose durant l'automne 99. Les arbres ne
me semblaient pas un sujet épuisé. Je les sentais revenir pour nous
interroger. "Vous êtes des fils et des filles de la forêt" disait
Charles Bourgeois dans son livre "Etangs et Forêts". Leur existence ne
nous lâchera pas. Puis la terrible tempête est passée massacrer nos
bois, tordus, estropiés. S'agissait-il d'eux ou de notre humanité ?
J'ai eu, à ce moment-là, la conviction que les arbres étaient dans
l'air depuis déjà longtemps. Cette remarque m'amène à penser, encore
aujourd'hui, que les sujets d'écriture sont en suspension. Au poète de
les attraper. Mes arbres, je ne les ai pas désirés malheureux et en
guerre, bien au contraire, je vous parle de leur vie quotidienne, en
temps de paix, la balançoire sur la grosse branche du cerisier, l'arbre
généalogique, le champ de brugnons. A chacun de greffer sur ces poèmes
ce qu'il voudra : vous inventerez peut-être un nouveau fruit, surtout
si votre sapin de Noël est en plastique. (David Dumortier)
David DUMORTIER
Ces gens qui sont des arbres
Publié avec le concours du Conseil régional d’Auvergne.
Avec des images de Martine Mellinette
Troisième édition 2007 - Neuvième mille
Sélection 2004, liste Cycle 3, ministère de l’Éducation nationale
Le saule pleureur. C’est parce que ses branches tombent au sol et semblent se lamenter qu’on l’a nommé ainsi. Si ses branches avaient poussé sur les côtés ou en hauteur, on ne l’aurait pas pour autant appelé “saule rieur”. Non. On lui aurait taillé sa joie. |
David DUMORTIER
Né en 1967 dans les Charentes. Habite
Paris. Arabisant, a vécu en Syrie. A publié aux éditions de L’Arbre, L’Impatiente, Le Temps des cerises, Paris-Méditerranée et dans diverses revues,
notamment Décharge, Digraphe, Gros-textes, Comme ça et autrement, Rétroviseur, Triage.
En 2005 est paru Croquis de métro aux éditions Le Temps des cerises.
Martine MELLINETTE
Née en 1952 à Paris. Création
de Cheyne avec Jean-François Manier en 1978. Dirige la collection Poèmes pour grandir. Expositions à Paris (Bibliothèque nationale, librairie-galerie Touzot), Grasse (Médiathèque municipale), Clermont-Ferrand (D.R.A.C. Auvergne), Villeurbanne (M.L.I.S.), New York (National Arts Club,
Galerie Jadite).